du livre de Pierre Rabhi, "la part du colibri, l'espèce humaine face à son devenir"
editions de L'aube, 2009
Pierre Rabhi conte cette histoire venue des indiens d'Amérique,
histoire qu'il met au centre de sa réflexion politique
( entre crochets, ce sont mes commentaires )
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.
Tous les animaux atterrés observaient impuissants le désastre.
[ est-ce que vous ne vous reconnaissez pas là ? ]
Seul le petit colibri s'active, allant chercher quelques gouttes d'eau dans son bec pour les jeter sur le feu.
Au bout d'un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit :
"Colibri, tu n'es pas fou ? Tu crois que c'est avec ces quelques gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu ?"
[ est-ce que vous ne vous reconnaissez pas là ? ]
"je sais , répond le colibri, mais je fait ma part"
Premier commentaire
je ne trouve pas innocent que l'animal qui intervient soit un tatou. Nous pouvons entendre : "t'as tout". En effet, quand nous avons tout ( comme c'est le cas pour la plupart d'entre nous dans les pays occidentaux, au moins matériellement ) nous ne sommes pas enclins à agir, même en faisant un petit pas comme le colibri, nous préférons rester spectateur impuissant face au désastre même pourquoi pas, avec un certain plaisir ( comme devant une télévision ou dans un jeu vidéo ) . Le salut, s'il vient un jour, viendra probablement de l'initiative des petits. Des petites gens comme on dit, comme ce couple de brésiliens filmés dans le film récent de Coline Serreau, couple tellement touchant et tellement déterminé. Mais aussi des petits pays déjà asphyxiés par le désordre global et étant obligés de réagir radicalement pour leur survie ( Je pense à ce refus récent de Haïti de recevoir le cadeau empoisonné de l'entreprise Monsanto que proposait au pays de lui céder des tonnes de semences ogm "gratuitement" )
Deuxième commentaire
je mets en relation ce texte et cette position de Pierre Rabhi avec la dernière chronique de Martin Gardner dans Scientific American. Le brillant chroniqueur mathématicien avait clos ses articles par un article assez "politique", il expliquait que contrairement à ce qu'on pouvait croire, lorsque notre action nous paraît toute petite, dérisoire ( par exemple notre engagement pour aller "dans le bon sens" face aux désastres que nous pressentons ) eh bien, pour des raisons mathématiques, disons statistiques, cette action n'était pas si dérisoire que cela, car quelque soit le sentiment de notre "originalité", quelque soit notre impression d'agir "individuellement", nous sommes toujours représentatifs d'une partie non négligeable de la population de notre pays. Ainsi, toutes les actions que nous pouvons mener, tous les choix que nous faisons dans notre vie, nous pouvons nous dire que statistiquement, un grand nombre de personnes dans notre pays ( et même sur la planète entière ) vont avoir le même type d'actions, le même type de démarche, au même moment ou dans un intervalle de temps légèrement décalé. Apprécions l'argument scientifique ( éclairé ) de Martin Gardner et n'hésitons pas à faire notre part, même si elle nous semble toute petite...