texte trouvé sur le site de Jean-Yves Leloup, écrivain et prêtre orthodoxe dont j'aime bien les livres,
par exemple :
"Aimer malgré tout" avec Marie de Solemme, éditions Dervy ( poche ) 2008
"L'absurde et la grâce", éditions Albin Michel Espaces libres ( poche ) 2001
Le regard ordinaire est la plupart du temps un regard frontal, un œil « flèche » qui vise, définit, objective. Il voit des « choses » et s’il les voit « bien », « précisément », il est heureux.
Un autre regard est possible, il ne part pas des yeux ou du front, mais de derrière les yeux, de derrière la tête, depuis ce qu’on pourrait appeler « l’œil de la nuque », c’est davantage un regard « coupe » qui accueille, il ne vise rien, il acquiesce à ce qui est sans chercher à le définir, ou à l’objectiver, il ne voit pas des « choses », mais un champ d’énergie ou de lumière dans lequel des lignes, des formes, des densités apparaissent…
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Regarder quelque chose ou quelqu’un, un paysage, un corps ou un visage avec l’œil de la nuque c’est cesser immédiatement de se l’approprier, c’est le rendre à l’Espace, à l’entre deux, au « fond » ; à ce qui ne se voit pas dans le visible.
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Les écrits bibliques attirent notre attention sur les peuples « à la nuque raide ». Qu’est-ce qu’avoir la nuque raide, sinon demeurer dans une attitude rigide qui entrave notre vision, c’est prendre le réel pour ce que peuvent en saisir nos « œillères » (que ces œillères soient scientifiques, philosophiques ou religieuses), c’est être « borné », voir le monde dans des limites qui ne sont plus « ouvertes »…
Retrouver la souplesse de la nuque, c’est retrouver notre capacité de regarder dans les quatre directions, mais aussi de regarder la hauteur et la profondeur de tout ce qui vit et respire. Tout « ce qui est vu » est alors perçu ou contemplé comme des formes poreuses à l’infini qui les enveloppe…
l'oeil de la nuque, texte complet
Je me suis déjà retrouvé plusieurs fois avec la nuque "bloquée", la dernière fois, je l'avais compris ainsi : j'étais conduit à accepter toutes les directions de la vie en même temps, toutes les directions à la fois. Il s'agissait de cesser de louvoyer entre les différentes directions qui se présentaient à moi. Cette acceptation du "multidirectionnel" me semblait illogique, contradictoire, absurde. Je voulais imposer à la vie ma vision étriquée, confortable, ma vision contrôlée justement par son caractère "logique". Mais çà ne marchait pas, çà coinçait !
Nous sommes très près ici de la formulation de la vision sans tête de Douglas Harding
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