d'après "le goût de Dieu, les mystiques rhénans et les sens", un texte de Viktor Hofstetter in "Pratyahara, une étape vers l'intériorité" ( revue française de Yoga n° 42 )
"notre bonheur ne dépend pas de nos oeuvres, mais au contraire de ce que nous sommes passifs envers Dieu. Car de même que Dieu est bien plus noble que les créatures, de même l'opération de Dieu est bien plus noble que la mienne" ( Maître Eckhart, sermon 102 )
la traduction d'"être passif" délicate, du moyen haut-allemand "liden" qui peut être traduit par "souffrir" [ "c'est un travail" ] Ce passage donnerait : " de ce que nous souffrons Dieu" ou "de ce que nous pâtissons Dieu" (..) liden reflète le latin "patere" que nous retrouvons dans "passion" ou "compassion" et le même sens est rendu en allemand par "Leidenschaft"qui peut signifier la passion d'un artiste pour son art ou le fait de souffrir comme un martyre (..) Eckhart utilise cette expression pour "goûter Dieu" "got liden" ce qui pourrait se traduire "laisser Dieu être", "laisser Dieu agir en nous" et ceci même avec "Leidenschaft" c'est à dire avec passion et non pas passivement comme dans une forme de défaitisme.
"Là où nous nous tenons dans la passivité, nous sommes plus parfaits que si nous agissons. C'est pourquoi un maître a dit que la puissance de l'ouïe est beaucoup plus noble que celle de la vue. Car on apprend davantage sur la sagesse par l'écoute que par la vue, et on vit avec plus de sagesse dans celle-ci que dans celle-là. L'écoute porte plus vers le dedans, mais la vue conduit davantage vers le dehors et déjà l'opération de voir par elle-même. C'est pourquoi, dans la vie éternelle, nous aurons beaucoup plus de bonheur dans la puissance de l'ouïe que dans la puissance de la vue." ( Maître Eckhart, sermon 102 )
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