Je reproduis ci-dessous ce texte où David Dubois cite un passage de la doctrine secrète de la déesse Tripura, ce texte très profond composé en sanskrit entre le X° et le XIV° siècle. Où apparait cette idée nouvelle et lumineuse que méditer ne sert à rien...
l'article original de David Dubois : ICI
Un
prince, éveillé par sa sage épouse, réalise que le bonheur ne se trouve
pas dans les choses extérieures. Il a compris que le Soi, sa vraie
nature et celle de toutes choses, est le bonheur et la somme de tout ce
qui est désirable.
Ayant
perdu le goût des plaisirs du monde, il s'apprête donc à replonger dans
l'intériorité grâce à la méditation, quand lui vient cette idée
"nouvelle et lumineuse" :
"Qu'est-ce que cette confusion qui s'empare encore de mon esprit ?
Je ne fais qu'un avec la félicité absolue du Soi.
Qu'ai-je donc à entreprendre ?
Qu'y a-t-il, pour moi, à atteindre ?
Où et quand pourrais-je obtenir quelque chose que je n'ai pas déjà obtenu ?
A supposer que cela ait lieu, comment ce gain serait-il réel ?
Et quel plaisir pourrai-je y prendre,
moi qui m'identifie à la félicité infinie de la conscience ?
Quant au corps, aux sens, à l'organe interne,
ils sont semblables aux choses perçues en rêve.
Tout cela n'existe que par moi
qui coïncide avec la conscience indivise.
A quoi bon discipliner l'un de ces organes internes (le mien) ?
Les autres sont tout aussi bien en mon pouvoir.
Il importe peu que "mon" esprit
soit réfréné car tous les esprits, réfrénés ou non,
ne se manifestent qu'en moi.
Quand bien même ils seraient tous réfrénés,
moi-même je ne le serais pas.
Comment pourrai-je l'être,
alors que je suis sans limites, comme l'espace ?
Et que peut bien signifier "concentration" (samâdhi) pour moi qui suis la plénitude
même de la félicité de la conscience ?
Quelle action pourrai-je bien entreprendre ,
moi qui suis plus omniprésent encore que l'espace ?
En quoi suis-je concerné par le bien et le mal ?
Que m'importe les apparences d'activités
qui se produisent ou ne se produisent pas
dans la multitude infinie des apparences que sont les corps ?
De par ma souveraineté,
plus rien n'est à accomplir ou à éviter pour moi en ce monde.
Qu'ai-je donc à faire d'un réfrènement de l'esprit ?
Plongé ou non dans le samâdhi, j'incarne la plénitude et la surabondance de la joie.
Sans chercher à détourner mon corps
de ce qui se trouve être son activité du moment,
je demeure en tout temps le réceptacle de la Grande Félicité.
Je suis la plénitude sans défauts,
la lumière qui ne vacille pas."