coquelicots

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samedi 29 septembre 2012

défense de l'intuition intellectuelle


Un très joli livre que ce saut dans le vide, de la philosophie à la mystique de José Le Roy.

Très élégant, avec des "articles" de quelques pages, illustrant la présence de l'intuition mystique chez les philosophes et les écrivains. Parcours très varié et percutant.
Je vous donne ici un extrait d'un des articles intitulé la vraie philosophie et l'éveil. Il défend la philosophie comme approche de l'éveil contre la pratique du doute permanent et le scepticisme généralisé.
NB : c'est moi qui est mis en gras certaines parties du texte.


La vraie philosophie et l’éveil

[ Un article] contre la notion de philosophie comme problématisation de notions. La tendance actuelle pour défendre la philosophie dans les lycées : « La philosophie n’est pas un savoir comme les autres, elle n’est pas un savoir mais une pratique de l’interrogation ». Par exemple, Raphaël Enthoven : « L’utilité première de la philosophie, c’est de répondre à une question par une autre question. » Pratiquement aucun philosophe ne souscrirait à un tel programme ! (..)

Seul le scepticisme pourrait souscrire à une telle définition de la philosophie. Les philosophes ne se contentent pas de poser des questions : ils donnent des réponses.  [ Il cite Fichte ( p295 ) ] : « Il est commode de couvrir du nom ronflant de scepticisme le manque d’intelligence. Il est agréable de faire passer aux yeux des hommes ce manque d’intelligence qui nous a empêché de saisir la vérité pour une pénétration merveilleuse d’esprit, qui nous révèle des motifs de doute inconnus et inaccessibles au reste des hommes. » [ En note de bas de page, il donne un éclairage de Luc Ferry : ] « La classe de philosophie a été crée par Napoléon en 1806 dans une perspective très précise ; il s’agit en vérité non pas de cours de philosophie mais d’instruction civique pour permettre aux jeunes gens de devenir des citoyens (..) ëtre capable de réfléchir, c’est à dire avoir un esprit critique, argumenter et comparer (..) Cette activité d’esprit critique n’a strictement aucun rapport avec la philosophie [ esprit critique très utile certes, y compris au sein de la philosophie ] (..) Le « job » de la philosophie consiste à répondre à la question de la « vie bonne ». philosophia en grec, l’amour de la sagesse. La sagesse, c’est la victoire sur les peurs qui nous empêche de bien vivre. »

Et Frithof Schuon : « L’amour de la sagesse est la science de tous les principes fondamentaux : cette science opère avec l’intuition qui « perçoit » et non avec la seule raison qui « conclut » (..) l’essence de la philosophie est la certitude ; pour les modernes au contraire, l’essence de la philosophie est le doute.(..) La solution du problème de la connaissance – si problème il y a - ne saurait être ce suicide intellectuel qui est la promotion du doute ; c’est au contraire le recours à une source de certitude qui transcende le mécanisme mental, et cette source – la seule qui soit - est le pur Intellect ou l’Intelligence en soi.»

Ainsi Schuon montre que la philosophie moderne, parce qu’elle ne connaît plus l’intuition intellectuelle et se limite à la raison discursive ne peut plus découvrir aucune certitude ni vérité et fait ainsi du doute l’essence de la philosophie.

[ p 298 ] La philosophie n’est pas seulement un art de disserter et de créer des systèmes mais un véritable chemin d’éveil, un chemin de vision.

Cette distinction entre le philosophe et le philodoxe ( celui qui n’est que dialecticien ) est très clairement établie par Al Suhrawardi ( 1150-1191 ) philosophe et mystique perse musulman. Il classe les philosophes selon qu’ils pratiquent seulement la recherche dialectique, qu’ils sont dans l’expérience mystique pure, ou qu’ils rassemblent les deux et sont [ selon lui ] les hommes «parfaits»

Redonner son statut à la philosophie, à la certitude intellectuelle, à l’intuition intellectuelle « qui transcende le mécanisme mental », c’est une des tâches que s’est donné José Le Roy ( prolongeant Douglas Harding ) et qu’il mène à bien magnifiquement dans ce livre.

jeudi 27 septembre 2012

emptiness


de notre atelier à l'ecole tibétaine Sambhota à Chauntra dans l'état indien de l'Himachal Pradesh

from our singing and painting workshop in the Sambhota tibetan school in Chauntra ( Himachal Pradesh )



peinture intitulée emptiness qui se traduit vide
ou solitude ici..



dimanche 23 septembre 2012

notre peur la plus profonde


Le texte qui suit est devenu très célèbre au travers d'un discours de Nelson Mandela
ce qui a fait qu'il a été attribué à l'homme politique sud-africain.

J'ai appris récemment que ce texte n'était pas de lui ( par Olivier Clerc dans sa liste de lecture sur Amazon ), mais de Marianne Williamson, extrait de A Return to Love : Reflections on the Principles of "A Course in Miracles"



Notez bien : c'est moi qui ai mis certains passages en gras. 



Our deepest fear is not that we are inadequate.
Our deepest fear is that we are powerful beyond measure

It is our light, not our darkness that most frightens us.
We ask ourselves, Who am I to be brilliant, gorgeous, talented, fabulous?
Actually, who are you not to be? You are a child of God.

Your playing small does not serve the world.
There's nothing enlightened about shrinking 
so that other people won't feel insecure around you.

We are all meant to shine, as children do. We were born to make manifest the glory of God that is within us. It's not just in some of us; it's in everyone.
And as we let our own light shine, we unconsciously give other people permission to do the same. 

As we're liberated from our own fear, our presence automatically liberates others.




Notre peur la plus profonde
n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur,
Notre peur la plus profonde
est que nous soyons puissants au-delà de toute limite.

C'est notre propre lumière
et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.
Nous nous posons la question :
« Qui suis-je, moi, pour être brillant, talentueux et merveilleux ? »
En fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être ?
Vous êtes un enfant de Dieu.

Vous restreindre et vivre petit ne rend pas service au monde,
L'illumination n'est pas de vous rétrécir
pour éviter d'insécuriser les autres,

Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous,
Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus :
elle est en chacun de nous,
et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière,
nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.

En nous libérant de notre propre peur,
notre présence libère automatiquement les autres...




vendredi 21 septembre 2012

la puissance de l'élan


Une interview-documentaire sur la pianiste Hélène Grimaud à la télévision canadienne,
avec son regard de loup :



Le personnage n'est pas complètement sympathique,
mais quelle passion, quelle intensité !

Quelques paroles marquantes de l'entretien :

L'art n'est pas un luxe mais une nécessité

Il ne faut jamais sous-estimer la puissance de l'élan 

 

mardi 18 septembre 2012

attente



Via M., Rome, 1987
photo © Amina Danton


Attente

Tu peux m'attendre mais n'attends rien...

N'attends rien de moi, tu me recevras de surcroit
Moins tu attendras, plus tu me recevras
Mais parfois, tu ne peux pas le savoir

Qui dit çà ?
et moi,
et l'autre,
et l'autre en moi,
le petit moi
et le grand moi

Tu peux m'attendre mais n'attends rien...







jeudi 13 septembre 2012

le maitre et le disciple


Une jolie photo trouvée sur Facebook ( le rat conteur au clair de plume )

Le maître et le disciple...



merci Amina


mercredi 12 septembre 2012

Im feeling good


Nina Simone : I'm feeling good







et aussi, un moment touchant de concert avec Michael Bublé :



lundi 10 septembre 2012

célébration exploration


Célébration-Exploration, c'est la démarche proposée par Jean Klein pour la pratique du yoga ( ou toute pratique d'ailleurs ) comme le rappelle David Dubois.

Nous célébrons la vie, la profusion de la forme et des formes, la splendeur du moment présent
et nous explorons aussi cette profusion, cette splendeur avec curiosité, humour et étonnement.

Du moins, nous essayons...
... mais nous n'avons pas le choix !!



et aussi :  

c'est la compréhension qui conduit à la pratique, non la pratique qui conduit à la compréhension


Jean Klein




dimanche 9 septembre 2012

le vide : un "je ne sais pas" ?




Je vous mets dans cet article un extrait du livre de Jean Bouchart d'Orval,  Reflets de la splendeur, le shivaisme tantrique du Cachemire. Ce livre fait une présentation du sivaisme du Cachemire, un courant de la pensée indienne tout à fait remarquable, représenté entre autres par le grand penseur Abhinavagupta ( Xème siècle ). Cette métaphysique et cet art de vivre très riches ne sont pratiquement pas connus en Occident, ni d'ailleurs en Inde. 
Le livre est assez érudit mais néanmoins très abordable pour une personne intéressée par le sujet. Cet extrait que je vous cite traite du vide ( ou des vides ? ), je le trouve particulièrement éclairant et il permet aussi il me semble d'entrevoir la subtilité extraordinaire de cette pensée. 
Certains concepts sont donnés avec leur nom en sanskrit. La Splendeur désigne le divin ( ou la Conscience ). Le système Krama est un courant du sivaïsme du Cachemire. C'est moi qui ai mis certains passages en caractère gras.

(p176)
L’état de veille tel que nous le vivons manque de clarté. La voie de retour vers la liberté-spontanéité de la Splendeur prend la forme d’un discernement, d’une clarté directe et puissante. Un discernement total et fulgurant n’est pas impossible pour tout être humain doté d’un système nerveux en bon état, mais cela demeure tout à fait exceptionnel. Chez la plupart, le discernement surgira plusieurs fois, à plusieurs niveaux, en des prises de conscience de plus en plus englobantes remontant en sens inverse le chemin de la manifestation. On comprendra que pour l’être qui voyait à tort des objets séparés, la réalisation qu’il n’en est rien prend d’abord la forme d’un retrait, d’un vide. Il en va de même quand se dissout l’illusion d’une connaissance séparée puis plus tard, d’un sujet conscient. Chaque fois qu’on réalise que ce qu’on croyait bien réel ne l’est pas, un vide apparaît. Mais chaque fois, il s’avère que cette impression de vide était temporaire et non fondamentale. Comprendre ce mécanisme et bien saisir ce que veut dire le vide est la clé de la démarche proposée par le système Krama qu’on appelle la ronde des Kalis.
Le vide et la fonte des résidus
Pour les maîtres du shivaisme non duel du Cachemire le vide est toujours relatif. Abhinavagupta répugne à parler du vide et préfère toujours mettre l’accent sur la Conscience. Cela se comprend aisément, car le vide absolu n’existe pas. Peut-on dire que le vide existe s’il n’est pas connu ou reconnu ? Et s’il l’est, alors ce ne peut être le vide absolu, puisqu’il y a une Lumière consciente pour le connaître. Le Krama accepte la notion de vide, mais uniquement comme instrument pédagogique. Le vide apparaît au moment où nous réalisons la nature discontinue d’un monde que nous nous plaisions depuis toujours à imaginer continu. Il y a donc autant de niveaux de vide qu’il existe de niveau de croyance en ceci ou cela : monde objectif, monde notionnel et monde du sujet conscient.
La Lumière consciente ( La splendeur ou Siva ) est plénitude indifférenciée. Dans sa toute-puissante liberté elle se révèle en se niant – c’est à dire en se voilant elle-même – en tant que lumière indifférenciée. On appelle énergie d’illusion ( mayasakti ) ce pouvoir de recouvrement du soi qui suscite la diversité à l’intérieur de l’Unique. Mais cela est possible parce que la Lumière consciente n’est pas « quelque chose » en soi, parce qu’il n’y a tout simplement pas de choses. Ce vide absolu de choses et de catégories ( sunyatisunya, « le vide par dessus tout vide » ) permet la manifestation du monde qui demeure toujours une parfaite intériorité ( le Ein Sof de la Kabbale hébraïque )
(p177)
Mais le vide absolu est plus que l’absence de « choses » extérieures : il est dynamique.(..) La multiplicité du monde, en somme, est le signe même de la non-dualité, elle est sa conséquence, sa mise en œuvre, son déploiement. L’Incomparable se retire en tant qu’Incomparable, engendrant un vide fertile où fleurit le monde. Ce vide de choses joue un grand rôle dans la manifestation et il est tout aussi important dans le chemin de retour, celui de la libération de l’être humain.
Le vide est relatif, disions nous : il survient lorsque l’image qu’on se faisait de la réalité s’effondre. Comme la mémoire ne peut trouver dans ses fichiers aucun objet correspondant à ce retrait, les mots « rien » ou « vide » ( sunya ) sont utilisés. On peut en rester là : après avoir nommé cet état, on peut s’en déclarer satisfait. C’est ce que nous faisons la plupart du temps : emprunter le chemin battu et rebattu de l’affaissement de l’attention. Vide est le mot de la mémoire pour dire : « je ne sais pas ». Ce vide se présente à nous sans arrêt : à la fin d’une expérience agréable, à la fin d’une relation, à la perspective de la mort, quand une pensée nous quitte ou quand on délaisse un objet perçu. Bien que le vide s’offre à nous à chaque instant, la plupart du temps nous laissons passer l’occasion et nous nous ruons vers le prochain objet, la prochaine pensée ou le prochain projet pour meubler le vide qui menace de se creuser davantage si on s’y attarde.

Jean Bouchart d'Orval

dimanche 2 septembre 2012

du Tibet

de notre atelier à l'ecole tibétaine Sambhota à Chauntra dans l'état indien de l'Himachal Pradesh

from our singing and painting workshop in the Sambhota tibetan school in Chauntra ( Himachal Pradesh )

Quelques peintures-paysages :










j'inspire et je me vois espace


 Un poème en marche de Thich Nhat Hanh



J’inspire, et je sais que j’inspire.
J’expire, et je sais que j’expire.
Dedans/Dehors.

J’inspire, et je suis la fleur.
J’expire, j’en ai la fraîcheur.
Fleur/Fraîcheur.

J’inspire, et je me vois montagne.
J’expire, et je me sens solide.
Montagne/Solide

J’inspire, et je me vois eau calme.
J’expire, en moi les choses se reflètent telles qu’elles sont.
Eau/Refléter.

J’inspire, et je me vois espace.
J’expire, et je me sens libre.
Espace/Libre.


Extrait du chapitre 2 « Nous sommes tous des fleurs » dans « La plénitude de l’instant » de Thich Nhat Hanh (édition Les petits collectors marabout)

cité par un commentateur du blog de ipapy
merci ipapy

 
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